Menton, à l’extrême est de la côte d’Azur
Un parfum d’Italie et de citron en Provence
Située à quelques kilomètres de la frontière italienne de Vintimille, Menton est une ville atypique où se mêle l’histoire, les influences italiennes, le bien vivre et, la cerise sur le gâteau, le culte du citron.
C’est la fête !
Partie intégrante et spectaculaire de la fête des Citrons de Menton, les jardins Biovés, face au casino de Menton, sont investis par de gigantesques sculptures faites d’agrumes représentatifs le thème de l’année. En 2024, il s’agissait bien évidemment des Jeux olympiques avec des représentations géantes d’épreuves (skater, nageur, lutteurs, flamme olympique etc.). Il faut savoir que les citrons et oranges qui ornent ces édifices d’environ cinq mètres de hauteur sont quotidiennement inspectés et les fruits pourris sont remplacés. Les jardins sont également les hôtes d’un petit marché dont les boutiques doivent adhérer au thème des agrumes, comme, par exemple, la Mentounasc qui propose une bière au citron.
Mais le nec plus ultra sont les corsos qui se déroulent autour du casino et ont lieu parfois de jour, parfois de nuit et, dans ce dernier cas, peuvent se terminer par un feu d’artifice. Entre un alignement de tribunes, des chars décorés principalement de figurines géantes en citron avec la mascotte appelée John Lemon (allusion au John des Beatles), et c’est un déferlement d’animations débridées, menées par des acrobates, des jongleurs, des danseuses sur échasses, des groupes de rock, etc. On compte l’équivalent de 240’000 spectateurs chaque année.
En 2025, la fête aura lieu du 15 février au 2 mars sur le thème du voyage dans les étoiles.
Suivez le guide
Le bon point de départ pour visiter la vieille ville de Menton se situe au marché couvert, construit en 1882 par l’architecte Adrien Rey sur le modèle des Halles Baltard de Paris. Sa particularité réside dans ses décorations grotesques en céramique dans le pur style baroque génois. A quelques pas de là, la place du Cap se situe dans l’ancien quartier des pêcheurs du nom de Ciapetta. Il s’agit d’un rocher en bordure de mer sur lequel fut construite la vieille ville de Menton. A la première Révolution française, les troupes de Bonaparte érigèrent un remblai depuis la place du Cap dans le but de construire un quai pour y faire aborder la marine de guerre. A l’époque on y jouait le jeu du citron. Etait-ce prémonitoire?
Depuis la rue des Logettes, il faut passer sous une porte fortifiée et on débouche alors sur une ville aux murs ocrés pleine de caractère. La suite de l’ascension se fera par la majestueuse rampe d’escalier qui débouche sur le parvis de la basilique baroque de l’archange Saint-Michel, une vaste place au parterre caladé, mosaïque de galets noirs et blancs typiquement provençale. Sur cette place donne la basilique susnommée avec sa tour de l’horloge et son campana. On admirera les trois nefs qui la composent, mais les amateurs seront ébahis devant cette superbe orgue au buffet italien datant de 1660, surtout si, d’aventure, vous auriez l’occasion d’assister à un concert baroque.
Sur la même place donne l’hôtel particulier Pretti ayant appartenu à un personnage anobli par le prince de Monaco au 16ème siècle.
En continuant l’ascension par la montée du Souvenir, on arrive au cimetière du vieux château qui se visite et où se trouvent les tombes des «hivernants», ces personnages de marque qui vinrent passer leurs derniers jours à Menton, tels une princesse polonaise, un archevêque de Canterbury ou encore William Web Ellis, l’inventeur du rugby, mais c’est la communauté russe qui y occupe une place prépondérante. Les vues panoramiques sont multiples en gravissant les rues du vieux Menton, mais c’est sans conteste depuis ce cimetière que se trouve la plus belle sur les toits rouges de la vieille ville d’un côté, le grand large et la pointe italienne jusqu’à la frontière de Vintimille de l’autre.
Vous saurez tout sur le citron
L’histoire du citron de Menton remonte au 17ème siècle, alors que Menton appartenait aux princes de Monaco. L’agrumiculture importée de l’Extrême-Orient fut implantée pour la plupart à Menton et aux contreforts des Alpes dans les villages perchés, lieux idéaux pour la culture des agrumes grâce à un microclimat moins chaud qu’ailleurs en Méditerranée et un terrain argilo-calcaire. Depuis, la production d’agrumes n’a cessé de croître, mais pas suffisamment pour fournir les agrumes nécessaires à la fête des Citrons qui en réclame entre 100 et 140 tonnes. On estime la production de la région à un maximum de 60 tonnes, ce qui priverait ses habitants pour leur consommation courante. Les agrumes de la fête sont importés d’Espagne et revendus pour un prix symbolique d’un euro les trois kilos après la fêtes, mais les Mentonasques les dédaignent le plus souvent. Il est vrai que ces fruits n’ont rien à voir avec le vrai citron de Menton, gros et sucré qu’on trouve sur les hauteurs de Gareavan dans la pépinière municipale de la ville de Menton, aussi appelée la Casetta, ou encore dans le verger de Laurent Gannac qui sait à merveille raconter les origine des multiples variétés d’agrumes qui sont récoltés dans sa propriété, du citron au cédrat en passant par le fruit du bigaradier ou le kumquat, etc. Chez lui, vous apprendrez aussi comment la clémentine a été découverte par le moine Clémentin.
Texte et photos Gérard Blanc
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Informations pratiques
Y aller
En train : TGV jusqu’à Nice et correspondance Nice-Menton ou en avion, Genève-Nice avec easyJet ou Swiss et train Nice-Menton
La couette
Le Vendôme Menton, Le Napoléon, le Lemon
Le couvert
Chez Tony, Leone, Paris Palace, l’Entre II
Ce reportage a été réalisé avec la collaboration d’Atout-France et de l’office du tourisme Menton Riviera Merveilles https://www.menton-riviera-merveilles.fr/