JE PARS À LA DÉCOUVERTE
Si la seule image du balnéaire a longtemps collé à la peau du tourisme en Tunisie, beaucoup d’efforts ont été déployés par les autorités touristiques pour sortir de ce carcan. Les thèmes des sites archéologiques, des régions désertiques ou l’écotourisme sont désormais à l’honneur. Le meilleur exemple est la mise en exergue de la région du nord, encore bien méconnue, contrairement aux plages du littoral de l’est. La côte nord tunisienne est, certes, tout autant dotée de plages et d’hôtels balnéaires que celle de l’est, mais le climat et les paysages y sont différents.
Nous sommes dans une région montagneuse ayant quelques similitudes avec, à titre d’exemple, le massif de l’Esterel provençal. Les palmiers s’y font plus rares et cèdent la place aux eucalyptus, aux chênes, aux pins et à une culture céréalière intensive. Voilà le tableau dressé, mais l’un des aspects importants de cette région réside avant tout dans le pittoresque des paysages et dans ses ressources culturelles.
Bizerte, un arc-en-ciel de couleurs
Dans certains esprits, Bizerte s’apparente à l’ancienne base navale de sous-marins français pendant la Seconde Guerre mondiale. Ceux-là ne savent pas qu’à 52 km de Tunis par l’autoroute se trouve un site qui accumule les charmes avec en premier lieu sa kasbah (vieille ville intramuros). Il faut ensuite déambuler dans les ruelles tortueuses engoncées au milieu de remparts hauts et massifs, et ponctuées, çà et là, de poteries fleuries, de mosquées à arabesques et de vieilles portes, parfois amoureusement sculptées.
Mais le coup de cœur de Bizerte est inévitablement pour le vieux port de pêche, pour ses maisons carrées aux murs blanchis à la chaux et aux volets colorés avec, parfois, un minaret qui pointe en arrière-plan. Le spectacle est permanent sur les quais. Les acteurs sont, bien entendu, les pêcheurs occupés aux travaux éternels de déchargement du poisson ou la réparation des filets, mais ce sont aussi des gamins jouant les acrobaties et se bousculant dans l’eau du bassin, ou encore une mère poursuivant son enfant en bas âge pour le préserver d’une mauvaise chute sous l’œil attendri d’un vieillard enturbanné appuyé sur la canne.
Tabarka, la maghrébine du jazz
On entend de plus en plus parler de cette ville par le biais de son festival de jazz dont l’affiche rivalise parfois avec celle de Montreux ou d’Antibes par le prestige de ses musiciens. Les autorités locales ont élevé des gradins dominant la mer pour faire face au flux toujours grandissant de festivaliers.
Mais cette ville balnéaire a bien d’autres attraits, ne serait-ce que cette formation géologique des aiguilles qu’on croirait sortie du Bryce Canyon et qui créent comme un rempart entre le port et le large, une configuration assez insolite en Méditerranée.
Bulla Regia, la romaine
A environ une heure de voiture de Tabarka se trouve le site archéologique de Bulla Regia, une ville romaine construite sous l’empire d’Hadrien (117 à 138 après J.C.). On y trouve les classiques des anciennes villes romaines, mais c’est, peut-être, l’un des thermes romains les mieux conservés du pourtour méditerranéen. A retenir en bref : la Maison de la chasse et, surtout, les superbes mosaïques du « triomphe de Vénus ». On y voit la déesse chevauchant un dauphin.
Quand passent les cigognes
A 60 km de Tabarka, Sejnane est réputé pour la chasse aux sangliers, mais les fusils n’effraient pas les cigognes. Celles-ci y prennent leurs quartiers et affectionnent particulièrement cette petite localité tunisienne pour y construire leurs nids dans les endroits les plus incongrus possibles, tels la cheminée d’une locomotive désaffectée, le sommet d’un minaret, des wagonnets de transport par câble, etc. Un spectacle insolite à ne manquer sous aucun prétexte.
Les oiseaux se retrouvent à Ichkeul
L’écologie et le développement durable sont à l’ordre du jour en Tunisie. Preuve en est le parc naturel d’Ichkeul, qui se trouve à environ 40 km au nord de Tunis et, à vol d’oiseau, à 10 km de Bizerte. Cet espace naturel est reconnu comme une réserve de la biosphère et figure au patrimoine mondial naturel et culturel de l’UNESCO. Un aspect original du site consiste en la coexistence permanente de l’homme avec la nature. Contrairement à certains autres parcs protégés, celui-ci accueille 130 familles qui y vivent au quotidien. Mais, ce sont avant tout les oiseaux migrateurs qui mènent le bal sur le grand lac Garaet el Ichkeul qui bénéficie d’une alimentation en eau douce provenant des oueds en hiver et des marées en été, saison pendant laquelle le lac a une teneur saline supérieure à celle de la mer.
Cet environnement est propice aux migrations aviaires venues à la fois de tous les coins de l’Europe et de l’Afrique sub-saharienne. Foulques macroules, oies, hérons, poules sultanes et bien d’autres encore s’ébattent et nichent sur les rives du lac. Ajoutons que le parc est aussi le lieu de résidence de troupeaux de buffles importés par les Ottomans, de tortues d’eau, de chauves-souris et bien d’autres animaux encore.
Texte et photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Y aller
Vol quotidien entre Genève et Tunis toute l’année avec Tunisair + train, bus local ou voiture de location
Climat
Méditerranéen, doux et tempéré ; moyenne de température : 20° en été
Dormir
À Bizerte : Résidence Ain Meriem ; Sidi Salem le Bangalou ; Andalucia beach
À Tabarka : La maison d’hôte de charme Dar Chennoufi à El Kef ; Les Mimosas et le Zen
Manger
À Tabarka : Le Barberousse, le Festival, le Mondial
Thalassothérapie
À Tabarka : Centre Thabraca (ex Valtur) ; La Cigale
Et encore
La café Andalous de Tabarka n’est à manquer sous aucun prétexte à cause de ses murs ornés de faïence traditionnelle datant du 4ème siècle.
Autres sites web
www.bonjour-tunisie.com, www.marinabizerte.com