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Touristes, si vous saviez...
EDITO

Voyager après le COVID

La Suisse vient de déclarer l’abandon des contraintes sanitaires pour lutter contre la Covid.  Beaucoup de pays ont adopté cet exemple. Les restrictions de voyages vont donc, peu à peu, s’estomper. Chacun le pressent, la vie ne sera plus la même après deux années de privations de voyages. Il y aura l’avant et l’après COVID. Selon deux maîtres de conférence de l’Université Gustave Eiffel à Paris, Nathalie Fabry et Sylvain Zeghni, le tourisme ne reviendra pas au «business as usual». Il faudra trouver une autre manière d’envisager les vacances et de visiter le monde.

Les questions se bousculent
Va-t-on revenir, par exemple, de  cette mentalité  de vouloir absolument trouver le voyage le moins cher possible, parfois dans l’intention de montrer à son voisin qu’on a fait une meilleure « affaire » que lui , quelle que puissent en être les conséquences ? Ira-t-on dans des centres de vacances « all inclusive » avec cette débauche de nourriture, bien souvent dans des pays où règne la famine ? Va-t-on être un ou une boulimique des sauts de puce vers les villes européennes, tout simplement parce que les voyages en avion ne sont pas chers? Va-t-on plutôt consacrer son temps de loisir à privilégier les courtes distances et rechercher l’exotisme près de chez soi ou encore, va-t-on plutôt repenser le véritable coût des prestations, à savoir qu’un employé de compagnie aérienne, un chauffeur de taxi ou un serveur de restaurant doit gagner correctement correctement sa vie, tout comme les autres métiers qui interviennent indirectement, comme un cultivateur qui livre ses produits à un restaurant, une femme de ménage, le personnel d’une laverie de draps etc. ? Les restrictions de voyages nous ont appris à  découvrir de la culture et de l’exotisme à deux pas de chez soi. Alors ira—t-on toujours nous promener au bout du monde ou privilégier les voyages de proximité dans un rayon de 200 km ?  Allons-nous toujours nous entasser sur les plages ?

Statistiques
De 25 millions d’arrivées touristiques en 1950, nous sommes passés à 450 millions en 1990 pour dépasser le milliard en 2013. Si l’évolution des styles de vie et l’expansion des loisirs a été un facteur important, il faut surtout considérer l’émergence des classes moyennes dans les nouveaux pays riches et très peuplés du monde tels que la Chine, le Brésil, l’Inde et la Russie. Les dépenses des « visiteurs loisirs » pour les événements sportifs et culturels, le shopping, l’hébergement, les restaurants, les attractions touristiques, les visites etc. ont donné dans bien des pays un coup de fouet aux économies locales qui se sont habituées à ces rentrées financières et ont stimulé d’autres pays qui n’avaient, jusqu’alors, à se lancer eux aussi dans l’économie du tourisme.

Les transporteurs au taquet
Aujourd’hui, les directions des compagnies aériennes et celles de compagnies maritimes affrétant des villes flottantes ne rêvent que de reprendre les affaires comme par le passé, mais vont-elles y parvenir face à une clientèle que les périodes de confinement auront permis de penser différemment  et de réfléchir aux conséquences pour le climat et la biodiversité? Sont-elles prêtes  à faire évoluer leur concept de marketing d’avant COVID,  basé sur une croissance exponentielle face à une clientèle dont la conscience aura évolué en matière de consommation ? En 2018 et 2019, le raz-de-marée international remettant en question les politiques en faveur de la défense du climat ont déclenché une prise de conscience généralisée de la part des  professionnels du tourisme eux-mêmes, chaque entreprise  voulant, dans son approche publicitaire, démontrer qu’elle faisait des efforts en ce sens, sans pour autant convaincre tout le monde. Aucune n’a envisagé de réduire le plan de  croissance de ses activités.

Voyages d’affaires
L’association des chargés de voyages d’affaires GBTA (Global  Business Travel Association) a récemment mené une enquête auprès de 389 gestionnaires et acheteurs de voyages, laquelle a révélé que les répercutions dues à la COVID ont considérablement freiné les voyages professionnels,  en premier lieu en raison de l’appréhension des voyageurs à se rendre à l’étranger (environ 80% en octobre 2021) De leur côté, les entreprisses se sont rendu compte de l’économie substantielle réalisée par la diminution des voyages grâce à la plus grande utilisation des systèmes de visioconférences. Environ un quart des acheteurs interrogés ont également déclaré que leur entreprise avait imposé de nouvelles restrictions ou réglementations sur les voyages d’affaires en raison de la diffusion d’Omicron. Un autre 15% pense qu’une telle mesure pourrait encore suivre.

Conclusion
Il n’y aura pas de retour au « business as usual » démontrent Fabry et Zeghni. Les destinations touristiques devront faire preuve d’imagination pour assurer leur survie touristique. Elles devront se concentrer sur la défense de leur écosystème, qui concerne pratiquement tous les secteurs intervenant dans la chaîne du tourisme, pour concevoir le tourisme de demain.

Gérard Blanc

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2 Réponses à  to “Voyager après le COVID”

  • pirony:

    Je pense malheureusement que les gens vont vite oublier et que tout redeviendra pareil.

    • Peut-être, mais à force de soulever régulièrement le problème de la surconsommation de trajets aériens de courte distance, on peut espérer avancer. J’ai rencontré plusieurs personnes qui ont diminué leurs trajets aériens après le temps de réflexion imposé par la Covid et les confinements. Dans cette bataille, toute goutte d’eau est bienvenue

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