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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Erevan : une œuvre de l’architecte arménien Tamanian

Erevan se prosterne chaque jour devant ce monstre de 5’137 mètres de hauteur situé en territoire turc qu’est le mont Ararat, et son petit frère, le « petit Ararat », au grand dam des Arméniens qui le revendiquent. Sa majesté peut se voir depuis de nombreux endroits en Arménie. Malheureusement, rares sont les moments où il est totalement découvert, les nuages ayant la fâcheuse habitude de cacher son sommet. Pourtant, à potron-minet on peut avoir la chance de le voir rosir au soleil levant, entièrement dégagé. La légende voulant que l’arche de Noé y ait échoué est contestée. Selon le musée historique d’Erevan lui-même, il y aurait un autre mont Ararat au pied de l’Euphrate qui, lui, serait vraiment là où le patriarche aurait échoué son navire et débarqué ses animaux.

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Au moment de la soviétisation, les autorités trouvèrent que l’Arménie avait besoin d’une capitale. Ils choisirent Erevan, une petite ville provinciale dont la plupart des maisons étaient construites en argile. On confia l’urbanisation d’Erevan à l’architecte néoclassique Alexandre Tamanian, un Arménien plus connu en Russie sous le nom d’Alexandre Tamanov, car cela faisait mieux d’avoir un suffixe en « ov ». Avant de se mettre au travail, il s’imprégna de la culture et de l’histoire arméniennes afin de créer une capitale à l’image du pays tout entier.

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A son arrivée à Erevan, Alexandre Tamanian dessina la ville en forme de soleil avec des rues convergeant vers le centre et représentant les rayons. Les premiers plans prévoyaient deux places : la place de Lénine (actuellement place de la République) et la place de la Liberté en face de l’Opéra. Cet opéra fut construit à la place de la chapelle de Gethsemani datant du 17ème siècle. Sur l’ordre de Staline, les monuments religieux devaient être remplacés par d’autres monuments. On choisissait les endroits où il y avait des églises et des chapelles pour les détruire et les remplacer par des monuments modernes. Or, Tamanian avait à cœur, non seulement d’urbaniser la ville de manière moderne, mais aussi de conserver les monuments anciens. Il a déplacé et numéroté les pierres de la chapelle, mais, faute de moyens, n’a pu la reconstruire. A l’Exposition universelle de 1937 à Paris, la maquette de l’Opéra d’Erevan gagna la médaille  d’or.

Musee Cacade, ErevanLa Cascade
Créée dans les années 70 par Alexandre Tamanian et Torosyan dans un but purement ornemental, ce monument s’est mué peu à peu en lieu culturel après la chute de l’URSS. Elle abrite notamment un complexe de salles d’expositions, dont le musée d’art contemporain Cafeshian, qui, avec sa disposition originale étalée sur plusieurs étages, émerveille lors du passage d’une salle à une autre. Des œuvres d’artistes célèbres, tels que Marc Chagall, Fernando Botero, Andy Warhol, Georges Braque et bien d’autres, y sont exposées.  On peut aussi y faire des expériences de vidéo en 3D et, enfin, admirer l’Expo Swarovski Crystal Palace. Dans le parc situé au pied de La Cascade, jeunes et moins jeunes se promènent tout en admirant cet escalier monumental, agrémenté de cascades, de fontaines, de statues et de parterres de fleurs invitant à la flânerie.

L’épopée du métro
La construction du métro et de ses 11 stations fut l’une de ces œuvres magistrales qu’Alexandre Tamanian acheva non sans mal. A l’époque soviétique, les autorités d’Erevan avaient déjà imaginé lancer un métro, mais avaient renoncé au vu de la dépense. On raconte que, lors de la visite du Premier secrétaire du Soviet suprême, l’urbaniste aurait eût l’idée de faire venir le plus de voitures possible. La voiture du Premier secrétaire fut bloquée dans les embouteillages. Tamanian aurait dit : « Malheureusement, c’est comme ça tous les jours à Erevan. Si nous avions un métro, la circulation serait bien meilleure ». Le Secrétaire répondit : « Jamais de métro ». Tamanian rétorqua qu’il n’allait pas faire un métro, mais un tramway souterrain et la chose fut admise. Les travaux du « tramway souterrain » prirent beaucoup de temps, mais arrivèrent à échéance grâce à plusieurs bouteilles de brandy arménien dont, à l’instar de Winston Churchill, le Secrétaire du Soviet Suprême était particulièrement friand.

memorialIMG_3517Douloureux souvenirs
L’évocation du génocide perpétré par la vague « Jeunes-Turcs » en 1915 et 1916 générera toujours une profonde émotion bien compréhensible dans le cœur de tout Arménien. Dans les hauts d’Erevan, sur une colline  appelée Tsitsernakaberd  (le fort aux hirondelles), ont été érigées douze stèles de granit représentant les 12 provinces arméniennes aujourd’hui en territoire turc. Au centre de celles-ci, à 1,5 mètre de profondeur, brûle la flamme éternelle. Aux alentours se trouve un parc où des gouvernements du monde entier ont posé des plaques aux pieds de sapons, portant les noms des donateurs en témoignage de leur soutien. Parmi elles figure celle de Micheline Calmy-Rey, ancienne présidente de la Confédération helvétique.

Un cinéaste hors du rang
L’un des musées les plus insolites d’Erevan est celui qui fait l’éloge de l’emblématique Sarkis Paradjanian (alias Serguei  Paradjanov pour les Russes) qui a ouvert ses portes en 1991, un an après la mort du grand cinéaste, sculpteur, antiquaire et peintre (1924-1990), qui connut une renommée internationale en fin de carrière. En période soviétique, les museepadjIMG_3476métiers de sculpteur et d’antiquaire étaient jugés comme des travaux « interdits» par le régime soviétique et passibles de prison.  Son film Sayat Nova alias La Couleur de la grenade fut interdit d’écran en Arménie comme dans toute l’URSS jugé d’un « esthétisme décadent ». Il fut néanmoins primé au festival de Cannes en 2014, bien que produit en 1969. En 1988, deux ans avant sa mort, il fut présenté au festival de cinéma de Rotterdam, où il fut reconnu comme le meilleur réalisateur du futur. Son musée est installé dans la maison de pierre de deux étages où habitait Paradjanov avant d’être terrassé par la maladie. Ses œuvres, principalement des collages, des chapeaux, des costumes et des sculptures en argile nous plongent dans l’univers parfois tourmenté de l’artiste. Une pièce du musée parmi les plus remarquables est  de génie en génie  ou  de Pazolini à Paradjanov. L’artiste disait à qui voulait l’entendre « quand je mourrai, la terre entière comprendra que j’étais un génie ». Dans le musée, on trouve des œuvres représentant le temps pendant lequel il était en prison pour insoumission.  En 1972, on vint l’arrêter dans son appartement de Kiev sous une inculpation de vente d’antiquités. Deux mois plus tard, ce délit n’existant plus, à la place, il fut injustement accusé d’être homosexuel. Les autorités avaient convaincu certains de ses amis de fournir des faux témoignages. L’un d’entre eux s’est suicidé, apprenant que Paradjanov était condamné à cinq ans de prison alors qu’on lui avait promis qu’il n’écoperait que d’une année.

Texte Erika Bodmer

 

Photos : 1, 4, 5, 6 © Erika Bodmer, 2, 3 © Gérard Blanc

Infos pratiques

Agence spécialisée

Géo-Découverte à Genève www.geo-decouverte.com

Hébergements

Holiday Inn Express : hôtel très confortable, situé au cœur de la ville.
Il existe des formules de chambres d’hôte pour qui veut faire la connaissance des traditions arméniennes. Il existe une association B&B.

Restaurants

Le Malkhas Jazz Club :  dîner au son d’un orchestre de jazz ; le Megerian repas traditionnel, avec show folklorique (musique et danse), attenant à l’atelier de fabrication de tapis.

Vie courante

Le repas traditionnel arménien est une fête. Tout est mis sur la table, de l’entrée au dessert sans oublier les boissons, les feuilles de vigne et les brochettes. Toute la famille participe à sa préparation et invitent les voisins et les amis. Le clou du repas est le pain cuit dans un puits avec les braises au fond qui chauffent les briques réfractaires, lesquelles serviront à cuire la pâte à pain.

Transports

À Everan, les transports publics sont performants (bus, tramways, et, bien entendu, le métro.

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2 Réponses à  to “Erevan : une œuvre de l’architecte arménien Tamanian”

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