Les Thermes marins de Saint-Malo, pionniers de la thalassothérapie
Aux Thermes marins de Saint-Malo, nous sommes en présence de l’un des plus anciens établissements de thalassothérapie qui vit le jour juste après celui de Quiberon, vous savez, celui qui avait été l’œuvre du coureur cycliste Louison Bobet, lequel avait été lui-même inspiré par le centre de Roscoff (Nord Finistère). Louison Bobet ayant découvert ce style de traitement dont il avait été bénéficiaire lors de blessures ou de contusions et avait eu l’idée lumineuse de développer, au début des années soixante, la thalassothérapie pour un large public avec, comme premier centre celui de Quiberon. La suite, on la connaît, avec cet engouement croissant dans le monde stressé d’aujourd’hui.
L’histoire des Thermes marins de Saint-Malo a commencé par Quibe-ron, car son fondateur, Serge Raulic, a été le bras droit de Louison Bobet en personne. Dans les années soixante, Serge Raulic, qui, au départ, avait reçu une formation d’ingénieur aéronau-tique, changea de voie en se lançant dans l’hôtellerie, rejoignit le groupe hôtelier Sofitel. Il fit la connaissance de Louison Bobet, qui venait d’ouvrir le centre de thalassothérapie de Quiberon, et devint son bras droit puis, quelques années plus tard, se décida à voler de ses propres ailes. Il acheta les Thermes de Saint-Malo qui, comme à Roscoff, étaient un centre de rééducation par l’eau de mer. L’hôtel d’origine avait été bâti en tant que palace en 1881. En 1981, année au cours de laquelle Serge Raulic en prit possession, seule la thalassothérapie fonctionnait encore avec une réputation de sérieux, mais la partie hôtelière laissait à désirer. L’établissement disposait bien de quelques chambres, mais avec un confort qui se limitait à la catégorie deux étoiles. Dix années furent consacrées à des rénovations et investissements en tous genres pour redonner au palace le brio de la Belle Epoque et la qualification d’un hôtel de cinq étoiles.
Aujourd’hui, le remplissage du Grand Hôtel des Thermes et de sa thalassothérapie arrive à saturation. Six autres hôtels de catégories différentes et appartenant au groupe Raulic ont été construits pour répondre à la demande. On y trouve des établissements de 4 et 3 étoiles permettant d’offrir des prix plus abordables pour qui voudrait profiter de la thalassothérapie avec des moyens financiers plus modestes. Certes, celles et ceux qui logent dans ces hôtels on l’inconvénient de ne pas bénéficier de cet avantage inestimable qui est de pouvoir accéder directement au centre de thalassothérapie en peignoir en sortant de sa chambre, mais, vous diront les propriétaires, ces hôtels sont à 20 minutes à pied, tout au plus, des Thermes marins et il est possible d’y accéder en longeant la plage, un avantage après tout, car rien de vaut de respirer l’air marin avant d’aller prendre ses soins à l’eau de mer.
Question primordiale
Où est pompée l’eau de mer et à quelle distance ? C’est en effet un élément im-portant de qualité pour un centre de thalassothérapie reconnu. L’eau est pompée depuis une barre rocheuse qui se trouve au large, en face de l’hôtel. Il y a de grandes canalisations qui passent sous la plage, qui arrivent sous la terrasse dans un bassin de décantation où les algues microscopiques et le sable vont se déposer au fond. L’eau est ensuite filtrée, contrôlée et chauffée. L’eau de mer n’est pas « consommée », mais utilisée une seule fois pour les soins. Elle est ensuite refiltrée et refroidie pour être renvoyée en mer dans un endroit différent de là où elle a été pompée.
Les soins
Dans la majorité des cas, ils sont ceux qu’on retrouve dans la plupart des centres de thalassothérapie. Ce qui diffère néanmoins est, par exemple, le parcours Aquatonic avec toute une variété de jets, bouillonnements, cascades et buses, un peu comme ceux qu’on trouve, en Suisse, à Lavey-les-Bains ou à Yverdon, mais dans un espace plus restreint et avec de l’eau de mer, bien entendu. Autre particularité, le modelage (on ne dit plus massage) sous affusion. Dans d’autres centres, la douche à affusions tombe verticalement, tandis qu’à Saint-Malo, il s’agit d’un balayage de jets d’eau de mer « multicroisé ». La douche sous-marine ou hydro massage sous-marin implique une dextérité toute particulière de la part de l’hydrothérapeute sans laquelle le soin pourrait être plus négatif que curatif. Autre avantage, le modelage est plus long qu’ailleurs (25 minutes). Pour l’enveloppement d’algues, le centre utilise de la crème d’algues qui est, dit-on, plus concentrée qu’ailleurs et, surtout, le rinçage à l’eau de mer chaude se fait directement sur la table. Cette manière d’aller jusqu’au moindre détail des soins marins est enseignée aux thérapeutes dans un centre de formation officiellement reconnu et intégré aux Thermes de Saint-Malo, mais réservé uniquement au personnel des Thermes.
A noter l’espace SPA dans lequel se pratique la réflexologie crânienne, sorte d’acupressure sur une dizaine de points réflexes du crâne et de la nuque qui procure un bien-être profond. Autre originalité : le masque « détox », sorte de pâte d’algues qui favorise la détoxification de la peau du visage et élimine les impuretés en profondeur.
Et pour couronner le tout, un dîner en table d’hôte avec un nutri-tionniste, la dernière nouveauté au pro-gramme des thermes marins.
Nous avons bien apprécié le centre et l’hôtel directement face à la mer avec accès à la plage et une vue en tous temps des grandes marées, le talent du pianiste au bar de la passerelle et le talent du chef au restaurant gastronomique le Cap Horn avec vue panoramique sur la mer.
Regrets
Que l’hôtel ne dispose pas de parking gratuit.
Une suggestion
Il pourrait être de bon aloi de proposer également une carte diététique au restaurant gastronomique le Cap Horn. Cela permettrait aux couples ou aux familles dont l’un de convives suivrait un régime, de manger ensemble avec, en prime, l’avantage de profiter de la vue sur la mer.
Erika Bodmer et Gérard Blanc
Photos © Gérard Blanc et Grand Hôtel des Thermes (n°4)
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