Voyage à Nantes : un parcours culturel
Avez-vous déjà visité Nantes ? Si oui, il faudra y retourner, car cette ville a été remodelée pour vous donner envie de la redécouvrir. Pour vous guider, une ligne verte a été tracée sur le sol, laquelle permet de ne rien perdre de votre visite pédestre au cours de laquelle vous découvrirez un mélange de tradition et d’art contemporain qui décoiffe.
Si Nantes possède un riche passé historique, jadis capitale de la Bretagne, elle se veut aujourd’hui résolument moderne. La première initiative qui devrait être un modèle pour d’autres villes européennes est celle d’un réseau très performant de transports en commun à des prix très abordables. La seconde est celle d’une ville qui s’est depuis peu consacrée avec enthousiasme à l’art contemporain. Dans cet esprit, la société publique locale « Le voyage à Nantes » a pris en main un vaste projet de positionnement européen comme ville enviée pour son art et sa culture.
L’art des enseignes
Chaque été, un concours d’enseignes est organisé pour les commerces qui jalonnent la ligne verte. Les idées les plus originales fleurissent ici et là. Faites bien attention : vous remarquerez des images plutôt décalées, comme une ambiance de hold-up à la banque du Crédit agricole ; un compteur à balancier calculant le passage des moutons à l’hôtel Voltaire-Opéra ; un chérubin gonflant ses joues pour souffler ; des animaux costumés à la boucherie du Bouffay, etc.
La Duchesse en sabots
Toute bonne visite de Nantes commence par le château des ducs de Bretagne. A quelques mètres des douves, c’est la statue d’Anne de Bretagne qui se dresse, rappelant au souvenir de celle qu’on appelait « la Duchesse en sabots ». En substance, la monarchie française prit possession du pays de Bretagne par l’intermédiaire de la duchesse de Bretagne, après un imbroglio de trois mariages (avec Maximilien d’Autriche, Charles VIII et Louis XII) et de plusieurs traités, négociations, voire complots. Dominant les quais de la Loire de ses remparts, le château des ducs de Bretagne est un superbe bâtiment construit au 15ème siècle par François II, le dernier de la dynastie des Montfort et du Royaume et Duché de Bretagne. Le musée de l’histoire de Nantes qu’il abrite retrace les époques vécues par la cité depuis ses origines jusqu’à nos jours dont l’historique du château lui-même et, notamment, la signature à l’arrachée du fameux Edit de Nantes. Dans la cour, on admirera les loggias de style Renaissance.
D’un quartier à l’autre
En suivant la ligne verte, on emprunte la rue du Château pour arriver à la place piétonnière du Bouffay, là où se trouvaient les fameuses prisons qui ont été le sujet de bien des chansons folkloriques. Des maisons à colombages ont, de temps à autre, pignon sur les rues qui convergent sur cette place. Vient ensuite le quartier de l’île de Feydeau, dont les eaux qui l’entouraient furent comblées en 1926. Ce quartier eut jadis la triste réputation d’enrichissement des armateurs par le commerce « triangulaire », comprenant la traite négrière. On peut admirer les demeures cossues reconnaissables à leurs balcons en fer forgé et à leurs cours intérieures aux escaliers voûtés. L’une des particularités de leurs façades sont aussi les mascarons, des visages et masques fantastiques décorant les portes et fenêtres. Parmi ces maisons se trouve celle où Jules Verne naquit et passa une partie de sa jeunesse. Cette maison est transformée en musée. Continuons ensuite vers le quartier Graslin en traversant le passage Pommeraye, fierté des Nantais. Il faut reconnaître que ce chef-d’œuvre architectural du 19ème siècle ne manque pas d’allure avec ses majestueux escaliers ornés de statues et sa grande verrière. Saviez-vous que c’est dans ce passage commerçant qu’est née l’expression du « lèche-vitrines » ? On débouche ensuite sur la place piétonnière Graslin où trône le théâtre du même nom et dont les marches sont un lieu favori de lecture, de rêveries et de rencontres en tous genres.
Un village dans la ville
Sur la rive gauche de l’estuaire, face au port de Nantes, se trouve le village de Trentemoult, jadis habité par des pêcheurs, cap-horniers pour la plupart. La pêche dans les pays lointains a aujourd’hui cédé la place à la marine de plaisance, mais les maisons de pêcheurs des ruelles biscornues ont gardé le caractère coloré d’autrefois. Ce lieu attire beaucoup de visiteurs pour son côté pittoresque, y inclus les Nantais qui adorent s’y retrouver pour y faire la fête dans une ambiance de guinguette.
Les monstres de l’île
Le quartier de l’île de Nantes concentre une grande partie du renouveau artistique voulu par la ville. Le coup d’envoi a été donné en 2007 avec la mise en place de la première « machine », à savoir le grand éléphant. Cette construction géante automotrice en bois de tulipier de Virginie mesurant douze mètres de haut est articulée et en mouvement. Grands et petits peuvent s’y hisser et se promener. C’est la plus impressionnante des créations de l’atelier de la Compagnie des machines à laquelle on doit aussi un crabe géant, un carrousel marin ou encore l’arbre à hérons.
A la tête de l’art
Tout au long de la Loire, du quartier de l’île de Nantes à l’embouchure, l’insolite est au rendez-vous avec les signatures de sculpteurs renommés. A Saint-Brévin, sur la rive sud de l’estuaire, c’est un squelette de serpent géant (Huang Yong Ping) qui sort de l’eau, une manière de faire revivre les légendes des monstres marins. Au Pellerin, c’est le Misconcievable (Erwin Wurm), un voilier qui se plie sur le quai comme s’il voulait plonger dans la mer. Sur le quai des Antilles, c’est une enfilade de dix-huit anneaux tournés vers le fleuve (Daniel Buren et Patrick Bouchain) ; de nuit, ils sont encore plus beaux, illuminés de quatre couleurs. Plus loin, c’est un « arbre à paniers de basket ». Plus loin encore, c’est une suite de curieuses tables de ping-pong accolées d’une manière illogique. Plus loin encore, c’est un gigantesque mètre-ruban dans la cour d’un immeuble ou encore un pendule de 7 mètres de long accroché à un bâtiment industriel battant inlassablement la mesure. Là enfin, c’est une maison penchée au milieu de la Loire qu’on croirait abandonnée.
Texte Erika Bodmer, photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Genève-Nantes en vols sans escale avec easyJet.
Hôtels
Hôtel Sozo (chapelle transformée en hôtel) ; hôtel Pommeraye (à quelques mètres du fameux passage); hôtel Voltaire-Opéra (proche de la place Graslin).
Restaurants
La Civelle à Trentemoult, La Cigale, brasserie classée monument historique pour sa superbe décoration Art nouveau sur la place du Graslin. Elle fut le lieu de rendez-vous galants « hors mariage » au début du 20ème siècle.
A voir encore
La chocolaterie-pâtisserie Debotté qu’on trouve à six endroits à Nantes, une affaire de famille depuis trois générations (160 ans) ; le Mémorial de l’abolition de l’esclavage ; le marché bio à Trentemoult ; le Musée des arts.