Aix-en-Provence la bourgeoise
La nouvelle ligne aérienne entre Genève et Marseille est une aubaine pour qui veut découvrir Aix-en-Provence, l’aéroport de Marignane étant à peu près à équidistance de Marseille et d’Aix. Avec la nouvelle ligne aérienne reliant Genève à Marseille-Marignane, voici pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, une bonne occasion de découverte.
Avec ses 142’000 habitants auxquels s’ajoutent environ 30’000 à 40’000 étudiants, Aix-en-Provence demeure à taille humaine, vivant de l’agriculture, de l’université, de la justice et de l’industrie. On découvre une ville aérée et verdoyante, avec des parcs à la française. C’est aussi la deuxième ville de France en nombre de monuments historiques inscrits ou classés (140). Si sa grande sœur, Marseille, est une ville commerçante tournée vers la mer, Aix-en–Provence est une ville d’essence administrative tournée vers la terre. Marseille est une ville populaire, Aix est une ville bourgeoise et universitaire.
Toute visite d’Aix-en-Provence commence à la fontaine de la rotonde, lieu de tous les rendez-vous, de préférence aux pieds de la statue de Cézanne. Impossible d’éviter le cours Mirabeau, cette avenue piétonnière bordée de platanes, de 440 mètres de long et quarante mètres de large, sorte de passegiatta à l’italienne qui a donné à la ville l’autre sobriquet de « Florence provençale » ou encore de « Champs-Elysées provençale ». Il sépare la ville en deux quartiers anciens : au sud, le quartier Mazarin (17è siècle) et au nord, la ville médiévale. Ses terrasses de cafés et de restaurants ne sont pas les seules qui méritent de faire une pause. Bien des maisons qui le bordent ont une petite histoire, comme, par exemple, celle de l’hôtel du duc Armand de Villars, qui n’en fit qu’à sa tête en dotant sa résidence de colonnes alors, que, selon les règles d’urbanisme de l’époque, elle devait être alignée sur les autres maisons du cours. Autre particularité : Aix est appelée la ville aux mille fontaines. Toute proportion gardée, il y en a seulement 107, mais elles contribuent depuis des siècles à sa fraîcheur, par les canicules qu’on connaît dans la région. Parmi les plus spectaculaires figurent la Fontaine des neuf canons (rien de guerrier, ce sont des bouches en métal qui craquent de l’eau) .
Château La Coste
Les senteurs, les papilles et plein les yeux : Si vous venez à Aix-en-Provence, la visite du château La Coste qui se situe à environ 5 km au nord d’Aix en Provence, ne vous laissera pas sur votre faim, car cet établissement offre toute une panoplie de services (visite du vignoble et des chais, dégustation, restauration, parcours artistique, hôtel) sur 125 hectares dont les vignes datent de l’époque romaine. Principalement, on y vinifie des crus de blanc et de rosé labellisés bio, sous appellation Côte d’Aix-en-Provence. Visiter les chais dessinés par Jean Nouvel est une chose, mais admirer un peu partout dans le domaine des sculptures contemporaines dont, en premier, l’araignée de Louise Bourgeois, la goutte de l’Américain Tom Shannon et une foison d’autres œuvres d’art. Un parcours en forêt sur des pavés gallo-romains offre d’autres surprises artistiques, comme par exemple, un bosquet au milieu duquel figure une peinture de l’Irlandais Guggi, ou encore, un portail du sculpteur brésilien Tunga. On doit tout cela au propriétaire nord-irlandais Patrick (Paddy) McKillen, collectionneur et magnat de l’immobilier.
La particularité des hôtels : La naissance du quartier Mazarin a été due à Michel Mazarin, archevêque et frère du fameux cardinal de Louis XIV, pour les riches bourgeois et les parlementaires de l’époque qui souhaitaient chacun disposer d’un hôtel particulier. Parmi les plus beaux édifices, de style néo-classique pour la plupart, on citera l’hôtel Bonet de la Baume dont la porte d’entrée a été empruntée aux anciens remparts, et l’hôtel Caumont aménagé aujourd’hui en centre d’art. Ceci explique peut-être la distribution de ses rues rectilignes, le quartier ayant été conçu de toute pièce dans un jardin hors remparts. La rue Cardinale (référence à Mazarin) est l’une des plus pittoresques, traversant la place de la fontaine baroque des quatre dauphins avec sa vasque circulaire et ses quatre dauphins et leurs nageoires dressées sur un lit de vague.
La ville ancienne : A contrario du quartier Mazarin, les rues du quartier dit médiéval forment un entrelacement autour de la mairie et de la cathédrale. On y trouve de nombreuses références au passé historique de la ville. Une bonne entrée en matière est, depuis le cours Mirabeau, de pénétrer dans la vielle ville par le passage Agard, pour accéder à un dédale de ruelles qui jouissent d’une grande animation presque en tout temps, mais surtout le soir quand il s’agit de flâner ou de s’installer sur l’une des multiples terrasses pour y prendre le frais. Les pôles d’attraction de la vieille ville sont la place de Verdun et sa voisine la place des pêcheurs, la place Richelme où l’ambiance bat son plein les jours de marché, la place des Cardeurs où trône l’hôtel de ville et sa tour de l’horloge, ou encore la place des Martyrs de la résistance où se tient l’un des plus renommés festivals d’art lyrique de France. Mais celle qui remporte les suffrages est la place d’Albertas pour son architecture. Le marquis du même nom, qui y possédait un hôtel particulier, se plaignant du manque de vue et de soleil, acheta les maisons d’en face et les fit détruire pour y construire cette magnifique place de style néoclassique avec une fontaine en son centre.
Tout pour la culture : A l’extérieur des quartiers historiques sont les quartiers nouveaux, plus enclins à l’architecture moderne. dont la Pavillon noir (centre d’art chorégraphique national), le Grand théâtre de Provence et le Grand conservatoire, mais aussi, plusieurs vieux bâtiments comme une ancienne usine d’allumettes transformée en cité du livre, dans laquelle se trouve la bibliothèque Méjane, un cinéma d’art et d’essai, les archives d’Albert Camus et la fondation St John Pierce.
Les héros : Nombreux sont ceux qui ont goûté au bonheur de loger à Aix-en-Provence et de fréquenter notamment le Café des deux garçons, ouvert en 1792 sur le cours Mirabeau, tels que Pablo Picasso, Emile Zola, Marcel Pagnol, Darius Milhaud, Jean Marais, Jean Cocteau ou Edith Piaf, et, plus récemment, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon et même Tom Cruise. Mais le premier héros fut le « bon Roy René », l’un des derniers comtes de Provence. Le côté curieux est sa statue au fond du cours Mirabeau où on le montre jeune et beau a contrario d’une peinture de la cathédrale qui le montre plutôt vieux et empâté. Cette dernière représentation réaliste expliquerait la tristesse de la reine Jeanne de Laval qui épousa un veuf de 24 ans son ainé. Peut-être cela fut-il la raison de sa morosité légendaire qui fut un jour égayé par le cuisinier de la cour qui aurait composé pour elle une pâtisserie à base de melon et d’amandes en forme de ses yeux réputés superbes. Lorsqu’au cours d’un banquet, Jeanne porta la pâtisserie à ses lèvres, elle aurait souri pour la première fois. Un convive déclara en provençal « es calis soun » (c’est un petit câlin).
L’autre grand héros emblématique est bien sûr Cézanne qui adorait peindre la proche montagne Sainte-Victoire, les nus et les pommes (il peignait lentement, or les pommes ne bougent pas). Cézanne est référencé dans au moins de 32 différents endroits de la ville qui retracent sa vie, depuis la statue en bronze sur la rotonde de la place Charles-de-Gaulle à l’église Saint-Jean où il fut marié, en passant par sa maison natale, la chapellerie de son père sur le cours Mirabeau et ses divers domiciles. Mais le clou reste son atelier qui a été reconstitué dans sa maison au centre d’un jardin ombragé sur la colline des Lauves, en périphérie. On y découvre son matériel de peintre et l’échelle sur laquelle il montait pour exécuter l’immense toile des Grandes baigneuses.
Texte et photos Gérard Blanc
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Infos pratiques
Vol
Genève-Marseille avec easyJet
Renseignements
www.aixenprovencetourism.com
Les fameux calissons d’Aix
Qui ne connaît pas les fameux calissons d’Aix. La recette du vrai de vrai est : 30 % d’amandes pilées et 30% de melon confit. Pour les 40% restants, la suite dépend des confiseurs qui ne souhaitent pas la révéler. Il y a, bien sûr du sucre et du blanc d’œuf, et puis du cédrat ou orange confit, de la fleur d’oranger, du sucre glace, etc. ; les proportions dépendent des fabricants, chacun ayant ses petits secrets. On trouve beaucoup de confiseurs vendant des calissons en ville d’Aix, dont le plus célèbre est la confiserie du Roy René, mais les Acquae-Sextiens de souche ont une préférence pour la « Fabrique des calissons » de Léonard Parli, un originaire des Grisons (Suisse) venu s’installer à Aix et ayant fait fortune dans la divine confiserie. Sur le fronton de sa boutique figure d’ailleurs un écusson arborant la croix suisse.
Bonnes tables
La table du Pigonnet ; le café des deux garçons (cuisine de la mer) ; le Saint-Estève (avec le flash de la montagne Sainte-Victoire).
Hôtels
Les Lodges Sainte-Victoire ; le Pigonnet ; la Rotonde.
Transports en commun
Une navette entre les deux gares routière de Marseille et d’Aix-en-Provence permet, toutes les dix minutes, de rejoindre l’une des deux villes pour le prix de six euros aller simple et de dix euros aller et retour.