Islande : Un cercle d’or de mille feux
L’ouverture du vol Genève-Reykjavik permet de se plonger dans l’ambiance de l‘Islande, un pays aux facettes atypiques. Rien qu’en visitant la partie sud appelée le Cercle d’or, on peut déjà se faire une bonne idée de ses richesses géologiques le temps d’un long week-end. Eyjafjallajökull (prononcez éyafyatiayokout)? Ça vous dit quelque chose ? Plus facile : dites comme les Américains, E 15 (c’est ainsi qu’ils l’ont baptisé pour ne pas trop se casser la tête, se référant aux 15 lettres qui le compose). Souvenez-vous qu’il s’agit de ce capricieux volcan dont l’éruption de 2010 a tenu en haleine l’ensemble du trafic aérien européen entre mi-avril et mi-juin à cause du panache de cendres volcaniques qui risquaient de bloquer les réacteurs des avions. La conséquence fut une perte économique estimée à 1,7 milliard de dollars. Mais pour les Islandais, ce fut un formidable coup de pub.
Des bains bleus
Pas besoin de grandes installations pour faire plaisir aux visiteurs venus d’Islande et du monde entier par la même occasion. Juste, peut-être, la canalisation d’une eau chaude bleue turquoise pour alimenter une étendue d’eau portant le nom de Blue lagoon» (lagon bleu) depuis une centrale géothermique. Il s’agit simplement d’un gigantesque spa d’eau chaude thermale riche en minéraux bienfaiteurs extraite du ventre de la terre par la centrale géothermique voisine et sortant à 40° C. identique aux bains thermaux de plein air usuels, La couleur bleu-vert presque fluorescente qui conserve son teint quelle que soit la météo et la couleur du ciel est due aux sels et à la silice qu’elle contient. La boue qui tapisse le fond de ce lac artificiel possède de nombreuses propriétés curatives, notamment contre les maladies de la peau.
Depuis, nombreux sont les amateurs de terres insolites qui souhaitent visiter ce pays qui se situe entre l’Ecosse et le Groenland.et qui compte 326’000 habitants (dont environ 120’000 dans la seule capitale de Reykjavik), soit trois habitants au kilomètre carré, plus environ 100’000 chevaux.
Omelette norvégienne
Appelé « Pays de glace », ce pays regorge de phénomènes surprenants dus au voisinage des glaces du grand Nord et des effets du magma terrestre qui peuvent se manifester à tout moment et dans la plupart de ses recoins. Les glaces et les volcans vivent côte à côte et la majorité de la population locale s’en accommode assez bien, voire en tire même certains avantages, comme, par exemple, la géothermie quasiment gratuite que fournissent les eaux chaudes et vapeurs chaudes, lesquelles sont acheminées par tuyaux vers les centres industriels en tous genres. En plus du chauffage en hiver, cette énergie bon marché est un argument économique de poids pour attirer des industries mondiales qui trouvent en Islande des infrastructures plus qu’abordables avec la géothermie et la houille blanche. Un exemple : la production d’aluminium avec de la bauxite d’Australie ! L’île est située sur le rift médio-atlantique, une immense fracture de la croûte terrestre qui sépare les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne. Géologiquement parlant, l’Islande serait donc à la fois américaine et européenne.
La forge de Vulcain
Geysers, boues bouillonnantes et éruptions en tous genres (en moyenne, une tous les cinq à dix ans) sont monnaie courante. La population ne semble pas s’en émouvoir. Le summum du spectacle local est d’assister à ce qu’on appelle une éruption linéaire, à savoir de la lave en fusion s’échappant d’une fissure et formant une gigantesque trainée de feu pouvant mesurer plusieurs kilomètres de long. Les Islandais disent alors que c’est la terre qui saigne.
Vieilles croyances
Les bâtisseurs de routes islandaises prennent grand soin de contourner les rochers où habitent des elfes, ces créatures mythiques anthropomorphes issues des légendes celtes et anglo-saxonnes. Ils vont parfois jusqu’à transporter délicatement un bloc de rocher habitent ces mystérieux personnages lorsque c’est nécessaire. Un Islandais sur deux croit dur comme fer à leur existence. On l’appelle l’Huldufólk (le peuple caché). Un Islandais du nom d’Arnar m’a raconté qu’un jour, il fut un jour informé par sa voisine que le rocher derrière sa maison abritait un roi des elfes et qu’il ne fallait surtout ne pas le déranger sous peine de représailles maléfiques. Sur la place du petit village de Stokkseyri, en bordure de l’Atlantique, se trouve un musée où apprendrez tout sur les elfes, les trolls et autres phénomènes paranormaux. Il existe même une école à Reykjavik où des cours sont donnés aux touristes pour leur apprendre à respecter les elfes.
Leurs ancêtres les Vikings
Originairement des Vikings venus du nord de la Norvège, ceux qui allaient devenir les colons de cette terre désertique d’Islande, débarquèrent avec des esclaves en provenance des îles britanniques. Déjà structurés en communautés à travers le pays, ils créèrent, en quelque sorte, le premier parlement en Europe qui se tenait à Thingvellir, toponyme islandais signifiant littéralement en français « plaines du parlement », et qui se situe dans la faille qui sépare les plaques tectoniques américaine et eurasienne. Celles-ci, s’écartent d’ailleurs l’une de l’autre d’environ 1 cm par an. C’est donc en ce lieu que se tenait l’althing, le parlement unicaméral créé en 930 après J.C., lors de la déclaration de l’ «Etat libre islandais». Depuis, l’Islande, à l’instar de la Suisse, affiche un principe de neutralité qui n’a pas été sans problème lors de la Deuxième guerre mondiale où elle a été occupée par l’Angleterre et les Etats-Unis (période appelée « la situation »), sans heurt néanmoins, et avec pour conséquence, l’arrivée des boîtes de nuit, des chewing-gums, du Coca-Cola, des Lucky Strike et des bas-nylon. Le bon côté fut l’introduction de l’Islande dans le « Plan Marshall » avec le financement de barrages hydro-électriques. Aujourd’hui, l’Islande est un pays sans armée, mais pourtant membre de l’OTAN.
Grandeur nature
En s’écartant des grands axes, on tombe vite sur des pistes de gravier volcanique qui longent des rivières glaciaires. C’est un environnement quasi désertique entre le bog du Connemara irlandais et le désert du chott El Djerid tunisien. Au fond d’une large vallée c’est un spectacle fascinant presque lunaire le long des rivières glacières, lesquelles se rejoignent de point en point. Les passages à gué sont fréquents et parfois périlleux pour les véhicules non-équipés de 4X4 surélevés. De place en place se dressent un bloc rocheux rappelant celui du film « Rencontre du troisième type ». A l’arrière-plan, ce ne sont que montagnes et falaises d’où jaillissent des cascades et d’où émerge parfois la moraine d’un glacier. Au printemps, le sol est un compromis entre de l’herbe naissante et une espèce de lichen jaune. Les chevaux semi-sauvages, très prisés pour la randonnée équestre, se trouvent fréquemment sur le passage donnant la réplique aux nombreux moutons. Fous de Bassan, macareux, sternes, oies et canards sauvages sont légion et font le bonheur des amateurs d’ornithologie.
Un jet de 30 mètres
Geysir (jaillir en islandais) est le nom de ce jet d’eau intermittent jaillissant des fonds de la terre, lequel a donné son nom aux geysers du monde entier. Malheureusement, il a décidé de cesser son activité, peut-être temporairement, mais heureusement, Strokkur, son petit frère et voisin, s’en donne à cœur joie et peut monter jusqu’à 30 mètres de hauteur toutes les cinq à sept minutes. L’environnement de ces geysers passionnera les amateurs de vulcanologie et génèrent des effets comme, par exemple, des eaux bouillonnantes.
L’eau vive
«Foss » est le suffixe islandais qui se rapporte aux cascades et chutes en tous genres qui alimentent l’eau qui ruisselle par tous les pores de ce terrain volcanique dès le premier dégel. Les nombreux glaciers qui donnent à ce pays l’appellation de « terre de glace » alimentent sans cesse des rivières, des cascades et des nombreux lacs et étangs. Parmi les chutes les plus spectaculaires, il y a bien entendu celle de Gullfoss qui, sans égaler celles de Victoria ou d’Iguaçu reste néanmoins très impressionnante. Selon la géologie, nombreuses sont les autres cascades de toutes tailles telles des tentures tombant des falaises comme par exemple, celles de Skôgarfoss ou de Seljalandsfoss.
Cramponnez-vous !
Les glaciers islandais sont nombreux, le plus grand de tous portant le nom de Vatnajökull, dont la superficie équivaut à celle de la Corse. Dans le Cercle d’or, le glacier de Sôlheimajökull est l’archétype des glaciers islandais avec, dans sa partie inférieure, un petit lac sur lequel flottent des icebergs que la fonte a détaché du glacier principal. Il se prête facilement à la randonnée, et il faut admettre que les guides islandais sont parfaitement organisés en matière d’équipement avec crampons, piolet et casque pour que l’épopée se déroule en parfaite sécurité. La vie d’un glacier islandais a cela de fascinant qu’elle est doublée du phénomène volcanique qui, par exemple, génère ces curieux cônes noirs faits de glace saupoudrés de cendres volcaniques noires. On y apprend l’action de l’eau en surface et à la base, sculptant des « moulins », trous pouvant atteindre plusieurs dizaines de profondeur et des crevasses où il n’est conseillé, ni pour l’un, ni pour l’autre, de se laisser entraîner.
Texte et photos Gérard Blanc
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